Dans cet article, nous allons évoquer l’outplacement. Encore inconnue il y a 10 ans, cette technique d’accompagnement se démocratise à vive allure. Et pour cause, il s’agit d’un outil très efficace pour rebondir plus rapidement sur le marché du travail, faire le point sur sa carrière et développer autant ses compétences que son employabilité.
C’est quoi, l’outplacement ? Encore un anglicisme comme il en existe déjà beaucoup sur le marché du travail ! L’outplacement, désigne en réalité une procédure d’accompagnement bien connue : le reclassement professionnel des salariés qui, pour des raisons économiques ou personnelles, de leur propre chef ou sur décision de leur hiérarchie, seront amenés à quitter prochainement l’entreprise. C’est donc bien souvent dans un cadre anxiogène ou conflictuel que surgit ce mot qui, à tort, impressionne autant qu’il n’intrigue… « C’est pourtant un outil précieux à glisser dans le package de départ », analyse Marc Saunder, fondateur du cabinet d’outplacement Nexmove, dans une interview pour Cadremploi. Il n’est pas le seul spécialiste du reclassement professionnel à regretter que la question financière accapare toute la négociation entre employeur et salarié… « Alors que le véritable enjeu est ailleurs », soupire-t-il. En effet, pour le salarié, il s’agit de préparer sa sortie (inévitable) en même temps que son retour (qu’on espère temporaire) sur le marché du travail. Pour l’employeur, c’est une occasion unique de soigner son image de marque tout en achetant la paix sociale. Hors licenciement économique, l’outplacement est en effet plus souvent obtenu dans le cadre des ruptures conventionnelles, sur la base d’un compromis, donc.
Pour faire simple : on vise le gagnant-gagnant.
Au secours, j’ai besoin d’aide !
L’inconvénient quand on occupe un emploi pendant trop longtemps, c’est qu’on en oublie, et c’est normal, la réalité du marché de l’emploi ainsi que les techniques pour candidater et réseauter en mode « offreur de ses services »… L’outplacement est en cela très utile qu’il s’apparente à un coaching individuel ou collectif où l’on vous prendre en main au début pour vous apprendre, très rapidement, à être acteur de votre rebond. «Plus qu’une aide à la recherche d’emploi, l’outplacement est un accompagnement au changement de posture des cadres. La plupart d’entre eux se retrouvent confrontés à une période de chômage pour la première fois et sont déboussolés au moment de cherche un nouveau job », explique Marc Saunder.
Les étapes
Retenez que dans la forme la plus classique des missions d’outplacement, votre conseiller vous proposera d’abord de dresser un bilan de votre parcours professionnel. C’est effectivement la condition préalable à la clarification de votre nouveau projet. Un bilan de compétences est souvent préconisé. Phase 3 : la définition de votre stratégie de recherche d’emploi avant son lancement opérationnel. C’est juste avant cette étape que votre conseiller et vous aurez pris soin d’optimiser votre profil sur vos CV et réseaux professionnels type Linkedin. Vient ensuite la phase critique des entretiens d’embauche et la partie la plus sensible de l’outplacement : coacher le candidat pour qu’il se montre suffisamment persuasif pour décrocher une proposition d’emploi. Certains vont même plus loin et vous apprendront à négocier votre nouveau contrat de travail ! Mais avant d’en arriver là… Il faut savoir négocier son départ avec son ancien employeur.
Contrairement au Bilan de Compétences, l’outplacement n’est pas éligible au CPF
Les 3 astuces infaillibles pour négocier son outplacement
- Sollicitez en priorité la DRH. Rompus à l’exercice des négociations relatives à la rupture des contrats de travail, les experts des Ressources Humains connaissent les nombreux avantages de l’outplacement (paix sociale, image de marque, transition douce…) et seront généralement de votre côté au moment de faire entendre à la direction tout l’intérêt de financer votre retour à l’emploi.
- Rassurez votre employeur. Une mission d’outplacement a un coût, parfois élevé (plusieurs milliers d’euros), mais il est moindre que celui d’un départ dans de mauvaises conditions. N’attendez toutefois pas de lui qu’il paie rubis sur l’ongle, surtout en fonction du montant ! Abordez la question du financement calmement, puis tentez de déterminer avec lui une enveloppe de financement acceptable et approchez, avec cette information, les cabinets de recrutement spécialisés en outplacement.
- Demandez (et négociez) des devis. En fonction de la durée et de la formule que vous retiendrez, les prix pourront varier considérablement. Inutile de se battre en amont pour une somme supérieure à vos besoins réels ! En l’impliquant dans la démarche, il y a de fortes chances que votre employeur mette la main à la poche… En dernier recours, proposez un compromis : co-financement, formation de votre successeur en contrepartie…
A titre indicatif, sachez que le tarif équivaut généralement à 5 à 20% de votre salaire annuel brut et que la plupart des cabinets instaurent un seuil plafond de 25 000 à 30 000 € pour les contrats de 12 mois.
Lors d’une rupture conventionnelle, la situation est plus délicate. A plus forte raison si vous avez pris l’initiative ! C’est surtout dans ce genre de cas que vous devez bien préparer votre stratégie.
Vous êtes parvenus à un accord
Déjà, bravo ! La négociation de votre outplacement vous a remis inconsciemment dans la posture du candidat… à l’emploi, cette fois ! Raisonnement cartésien et rationnel, techniques de négociation, présentation de projet… L’objectif indirect des coachs en outplacement a ainsi été atteint : vous faire changer de posture. Vous ne perdez pas votre emploi, vous en changez. Et c’est vous qui indiquez la direction à suivre.
L’objectif indirect des coachs en outplacement : vous faire changer de posture
Dans cette même logique, n’attendez pas des cabinets d’outplacement de faire le travail à votre place : le contrat d’outplacement que vous signerez le stipule 9 fois sur 10 : les experts auront envers vous une obligation de moyens, pas d’objectif. En clair, on fera TOUT pour vous aider… sauf décrocher un emploi à votre place. Par contre, espérons qu’entretemps ils auront eu le bon réflexe d’évoquer avec vous le bénéfice de la formation continue. Eh oui, il n’y a pas que le marché du travail qui évolue… Les outils, techniques et méthodologie aussi. Et ils ne s’improvisent pas. Qu’on parle de reconversion ou pas d’ailleurs. Comparez, pour un métier donné, une offre parue il y a 10 ans et une même offre publiée aujourd’hui… Eh oui, ça fait peur. Mais là encore, il existe des solutions, non ?
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