« J’ai eu plusieurs vies »
« J’ai eu plusieurs vies en à peu près 15 ans », sourit Kévin Failly. Ses débuts dans le monde du travail sont, en effet, pour le moins variés : alternance en boulangerie-pâtisserie, études de théâtre, puis 10 ans dans le commerce.
C’est en 2022 qu’il arrive chez ifocop. « J’avais tous les signes avant-coureurs du burn-out », confie-t-il. Via un dispositif de transition professionnelle, il intègre la formation d’Assistant RH au centre de Montigny-le-Bretonneux, avec déjà une idée précise : se spécialiser dans le recrutement. Trois semaines après la fin de sa formation, en novembre 2022, il est embauché par le centre qui l’a formé.
Son quotidien aujourd’hui ? « Je m’occupe de toute la sélection des futurs apprenants, du moment où ils postulent jusqu’à leur jour de rentrée », explique-t-il. Présélection des CV, affinage des projets, entretiens et tests d’admission, montage des dossiers de financement… « Aucune journée ne se ressemble. Je peux très bien animer une réunion d’information le matin et avoir quatre entretiens l’après-midi, ou me déplacer dans une agence France Travail. » Un poste qui demande « beaucoup, beaucoup d’accompagnement » et une grande polyvalence. Au total, le centre de Montigny accompagne environ 250 apprenants par an.
Le symbole est fort : l’ancien apprenant devenu recruteur… et ambassadeur RSE !
La naissance d’une mission : ambassadeur RSE
Chez ifocop, la RSE n’est pas qu’un concept : frugalité en matière de consommation énergétique et d’émission de CO2, accueil d’apprenants en situation de handicap, programme Atout Senior pour les plus de 50 ans, sans parler des modules RSE spécifiques proposés aux apprenants et de la sensibilisation des collaborateurs… « Fin 2024, nous étions tous formés aux enjeux RSE », se remémore Kévin.
En 2025, l’organisme veut accélérer et lance un appel au volontariat pour créer un réseau d’ambassadeurs RSE – un par centre – chargés d’incarner et de relayer cette dynamique sur le terrain. Première mission concrète : organiser la semaine de la RSE en mai. Les ambassadeurs ont carte blanche.
Kévin n’hésite pas une seconde. « J’ai sauté sur l’occasion, raconte-t-il avec enthousiasme. C’est un sujet qui m’intéresse énormément. Ce n’est pas juste un effet de mode, c’est sociétal. Pouvoir participer à cet élan, c’est quelque chose qui m’a beaucoup motivé. »
Des monstres mignons pour parler de sujets sérieux
Mars 2025 : Kévin, doté de sa nouvelle casquette, se lance donc dans l’organisation de la semaine de la RSE au centre de Montigny-le-Bretonneux. Son idée : organiser, chaque jour, un atelier thématique sur la pause déjeuner. « Ce que je ne voulais pas, c’était construire des supports assommants, une présentation en noir et blanc avec un gros paquet de textes », insiste Kévin. Sa solution ? Créer une expérience ludique et participative pour chaque thématique.
Pendant plusieurs semaines, il conçoit l’intégralité du programme en alternant cadre légal et vulgarisation accessible. « Je suis vraiment allé chercher la base juridique, le cadre légal. Moi, je fonctionne comme ça : pour comprendre, j’ai besoin d’avoir la base, et ensuite, je vais prendre des idées à droite à gauche. » Sites du gouvernement, ressources du ministère de la Transition écologique, échanges avec des proches qui enseignent… Kévin ne ménage pas sa peine.
Résultat : cinq jours, cinq thématiques, cinq avatars colorés. Un « petit monstre mignon de la RSE » pour la définition générale le lundi, une luciole pour l’inclusion et le handicap le mardi, un autre personnage pour la qualité de vie au travail le mercredi, un coléoptère pour l’écologie le jeudi. Le vendredi, place au bilan et aux perspectives.
« J’ai vraiment essayé d’encourager la participation », explique-t-il. D’abord en interne, en diffusant les supports à ses collègues : « Je n’ai pas été le seul animateur, je voulais impliquer toute l’équipe. » Certains responsables de formation ont ainsi pris le relais sur plusieurs ateliers, toujours sur la base du volontariat.
Partage, échange, dialogue sont également au rendez-vous pendant les ateliers, qui se clôturent par un quiz où les participants répondent en direct sur leur téléphone. La récompense pour le gagnant ? Une petite plante ornée de l’avatar du jour. Le succès est au rendez-vous : « J’ai eu de bons retours. Les apprenants notamment ont apprécié les supports un peu funs. »
Trois combats personnels
Derrière cette approche bon enfant se cachent des convictions profondes pour Kévin : « Trois thématiques me tiennent particulièrement à cœur : l’inclusion, la qualité de vie au travail et l’écologie. »
Sur l’inclusion, Kévin lève un tabou : « J’ai une RQTH et j’ai mis des années avant de pouvoir en parler librement. » Cette reconnaissance de qualité de travailleur handicapé, il la partage désormais avec les apprenants qu’il recrute : « Je leur explique que la RQTH, oui sur le moment ça fait mal, on le vit très bizarrement, mais il faut bien la comprendre : c’est un dispositif de protection avant tout. » Une sensibilité personnelle qui fait écho à la politique inclusive de ifocop, qui accueille, chaque année, environ 7 % d’apprenants en situation de handicap.
La qualité de vie au travail résonne aussi de manière intime chez Kévin : « Comme moi, beaucoup d’apprenants arrivent à ifocop en ayant été abîmés pendant leur parcours professionnel. Ils ont besoin de connaître leurs droits, de reprendre confiance. » Management toxique, burn-out, reconversion subie… « J’ai été à leur place. On croit qu’on est seul, mais pas du tout ! C’est important d’en parler. »
Quant à l’écologie, Kévin la conçoit comme un enjeu collectif incontournable : « Ce n’est pas un enjeu individuel. C’est simple : on n’a pas le choix si on veut pouvoir continuer à vivre sur cette planète ! »
Construire la RSE de demain
Après le succès de la semaine de la RSE, Kévin voit plus loin. « J’espère qu’on recommencera l’année prochaine », glisse-t-il, alors que déjà, il imagine des déclinaisons autour des semaines pour l’emploi des personnes handicapées ou du développement durable…. « C’est ce qui est passionnant, tout reste à faire ! »
Pour ceux qui voudraient s’engager, Kévin partage une méthode simple : s’informer, vulgariser, agir. « Vouloir, c’est bien. Mais il faut vite passer à l’action. »
Au fond, l’histoire de Kévin illustre ainsi une vérité simple : la RSE n’est pas qu’un cadre théorique, une affaire de spécialistes ou de directions dédiées. Elle prend vie à travers les gestes, les idées et l’élan de chacun.